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Bataille

La

4 – Le déroulement des combats


Les troupes arrivent sur les points de départ de l'attaque aux toutes premières heures du 8 août. L'heure H est fixée à 4h20. Trente minutes environ avant, l'artillerie allemande effectue un bombardement sur la ligne de front et fait les premières victimes des combats. L'impression des Canadiens est alors que l'attaque surprise a été éventée, mais les tirs allemands s'arrêtent avant que ceux des alliés ne commencent. Ce matin-là, il y a un fort brouillard, cachant aux troupes la vue de leurs objectifs ainsi que les lignes allemandes. La visibilité n'est que de quelques mètres et il est difficile de s'orienter obligeant l'emploi de boussoles pour conserver la direction de l'attaque. Le bombardement allié ne fit qu'épaissir le brouillard ambiant y ajoutant de surcroît un vacarme assourdissant.

4.1 – Les combats au sud de Marcelcave


Le 18th Battalion, au sud de zone de combat de la 4e brigade, est au contact avec le 14th Battalion de la 3e brigade d'infanterie canadienne qui se bat plus au sud dans les bois de Hangard, de Morgemont et qui doit capturer les villages d'Aubercourt puis d'Ignaucourt. Coopérant fortement avec les chars et sous un barrage roulant efficace, le 18th Battalion atteint son objectif au sud de Marcelcave à 07h45. Ayant neutralisé les batteries d'artillerie allemande, le bataillon établit sa ligne de défense sur le terrain autour des carrières. La compagnie D reste en réserve près
de l'actuelle route reliant Marcelcave à Ignaucourt. L'avancée du bataillon fut entravée par une forte opposition ennemie marquée par des « nids » de mitrailleuses bien dissimulées. Le Captain T.H.O Rayward se fait fortement remarqué pendant les combats. Cet officier natif d'Australie (Melbourne) s'est engagé dans le corps expéditionnaire canadien en octobre 1914. L'avancée du 18th Battalion lui a coûté environ 30 hommes et 120 blessés. Plus de
la moitié des victimes de cette journée sont enterrés au Crucifix Corner Cemetery de Villers-Bretonneux.

4.2 – Les combats pour la capture de Marcelcave


Le 19th Battalion combat au contact au nord avec le corps australien (26th Australian Brigade) situé de l'autre côté de la voie ferrée et au sud avec le 18th Battalion canadien. Le 19th attaque sous le barrage roulant de l'artillerie et de mitrailleuses.Très rapidement après avoir quitté les tranchées, le bataillon est retenu à plusieurs reprises sur son flanc gauche par des nids de mitrailleuses ennemies. Lors d'un de ses accrochages, le Lieutenant J.L Burton est tué en tentant de neutraliser le point dur ennemi. Prenant sa relève, le Caporal (Acting Serjeant) R.C. Hollidge parvint à capturer la mitrailleuse, tuant ses six servants, et la retourne contre les soldats Allemands qui étaient en retraite, faisant de nombreuses victimes dans les rangs ennemis.Le 21st Battalion, qui suivait de près le 18th Battalion, bifurque au trois-quart de son parcours vers le nord pour attaquer Marcelcave. Les Lieutenants A.G Bell du19th et Currie du 21st avec des hommes des deux bataillons se ruent sur le village.Le Caporal R.C. Hollidge entre dans l'agglomération avec une mitrailleuse à son bras, tirant dans les abris-tranchées, les caves. Rapidement, le village tombe entre les mains canadiennes faisant environ 250 prisonniers dont un officier supérieur et son équipe qui étaient dans le château. Un poste de secours médical avait été installé dans le village par les Allemands. Du matériel est également capturé dont des équipements médicaux ; les canons allemands de 4,1 cm avec leurs munitions sont immédiatement reversé à l'artillerie alliée pour réemploi.A l'arrière des combats pour Marcelcave, le quartier général du 21st Battalion,comme celui de tout bataillon, se déplace pour suivre l'avancée. Vers 05h30, il quitte la zone de départ de l'attaque pour rejoindre une position située au niveau du bosquet « Cave ». Cette petite zone boisée, aujourd'hui disparue, se trouvait environ entre 200 et 300 m à l'ouest de Marcelcave. A l'approche de ce bosquet, le quartier général du bataillon est soumis à des tirs de mitrailleuses. Le Lieutenant-colonel Elmer Watson Jones, commandant du bataillon fut mortellement blessé au milieu des champs de blé par une balle qui lui transperça le poumon droit. Il était alors 07h30 du matin. La perte de cet officier, l'un des « originaux » (c'est-à-dire l'un des tout premiers) de l'unité fut amèrement regretté. Son corps fut porté par quatre prisonniers allemands et enterré le jour suivant dans le petit cimetière britannique de Longueau. Les 19th et 21st Battalions continuèrent d'avancée sur environ 800 mètres après la capture de Marcelcave et établirent leurs lignes de défense face au bois de Pierret.Il était alors 07h00 du matin, la deuxième vague d'assaut composée de la 5ebrigade allait pouvoir prendre la relève et continuer vers Wiencourt-l'Équipée.Le 20th Battalion reste en réserve à l'ouest de Marcelcave. A minuit, l'échelon de support arrière de la brigade rejoint le village permettant la distribution de repas chauds à tous les soldats.Dans la journée, ces trois bataillons perdent environ chacun une trentaine d'hommes. La plupart sont enterrés au Crucifix Corner Cemetery et au Military Cemetery de Villers-Bretonneux. Ceux qui sont morts de leurs blessures ont été inhumés en zone arrière au British Cemetery de Crouy-Saint-Pierre à l'ouest d'Amiens.Derrière la 4e brigade, la deuxième vague d'assaut composée de la 5e brigade canadienne d'infanterie suit afin de prendre la tête des combats après la prise de Marcelcave. Le lieutenant-colonel Thomas-Louis, commandant du 22e bataillon,« Canadien-Français » et seul bataillon francophone raconte dans son journal de guerre personnel : (Extrait du « Journal de guerre (1915-1919) – Thomas-Louis Tremblay», pages 284-285, texte annoté par Marcelle Cinq-mars, Athéna Éditions.)À 5 heures nous quittons notre position d'assemblée et nous suivons l'attaque dela 4e Brigade à une couple de milles en arrière [3 km]. Le bataillon avance en formation d'artillerie, deux compagnies de front, colonne de route. Je fais marcher les compagnies très près l'une de l'autre afin d'assurer une bonne liaison, car lafumée est tellement dense qu'on ne voit pas plus qu'à vingt pieds [6 m]. Nous allons dans la direction de Marcelcave où doit commencer l'attaque de notre brigade.À 6 heures nous traversons les premières lignes boches où nous voyons les premiers tués et blessés ennemis. Nous marchons très lentement essuyant par124fois le feu des mitrailleuses allemandes que les troupes d'attaque ont oubliés en passant, nous détaillons [envoyons] en chemin des petits partis de nos hommes qui nous en débarrassent.À 8h30, nous étions à l'est de Marcelcave où nous passons par-dessus les troupes de la 4e Brigade. Notre brigade est maintenant à l'attaque. Il n'y a plus que le 24ebataillon en avant de nous. À l'approche du petit bois Pierret, nous essuyons un feu violent de mitrailleuses qui nous cause la perte de plusieurs de nos hommes entre autres mon « batman » [ordonnance] Gariépy (Selon le registre de circonstances du décès (Bibliothèque & Archives Canada), le Private Lorenzo Gariépy serait mort le 9 août 1918 lors de l’avancée entre Caix et Méharicourt. Son lieu de repos n’est pas connu. Il est donc commémoré au mémorial de Vimy) (frappé d'une balle dans la tête, tué à mes côtés. À 9h30, nous avions traversé le bois Pierret en liaison et tout près du 24e bataillon, en avant de nous. Le 26e bataillon qui attaque à droite est momentanément arrêté par les mitrailleuses ; nous l'aidons à renverser ces obstacles, et il continue l'avance. Le bois Pierret était rempli de canons allemands de longue portée que nous avons capturés avec plusieurs teams [attelages] de chevaux avant que l'ennemi ait le temps de les sauver, nous avons trouvé les chevaux attelés sur les pièces de canon. À 10 heures notre compagnie, c'est dans le village de Wiencourt-l'Équipée.

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Zone d'attaque des bataillons canadiens le 08081918
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